Notes de lecture de Richard Baillargeon
16 décembre 2011 (QIM) – C'est lors de notre passage au Salon du livre de Québec, au printemps dernier, que nous avons repéré cet essai de Jacques Julien au titre intrigant: Richard Desjardins l'activiste enchanteur. L'ouvrage paru chez Triptyque en 2007 porte sur le rapport de l'artiste-citoyen Richard Desjardins avec son public et avec l'ensemble de la société où il évolue. Un rapport qui se veut direct, authentique et qui doit en même temps se mesurer aux exigences de la diffusion de son art et de son propos. Cette diffusion doit passer par une mise en marché, étape que l'artiste doit assumer lui-même, dans un contexte d'autoproduction.
Sans se vouloir une critique de la double identité de créateur et de producteur, ce que Desjardins est à plusieurs niveaux: disques, tournées, films documentaires, livre de ses textes, etc. Jacques Julien analyse avec une distance nécessaire le contexte particulier que doit assumer un artiste indépendant. Il cite abondamment le philosophe et historien Walter Benjamin, auteur des années 1930 qui a publié une réflexion approfondie sur L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique. De là à questionner la mise en place et la mise en scène d'un propos à l'origine largement improvisé « même lorsque la situation a changé et que les choses ont évolué », il n'y a que quelques pas.
L'auteur (Julien) analyse certains moments de la carrière du troubadour abitibien tels que sa participation au Festival d'été de Québec en 1990, la prestation du conte "Le prix de l'or" au Club Soda le printemps suivant ou la mise en marché de l'album "Kanasuta" en 2003. Il met le parcours de Desjardins en parallèle avec d'autres artistes reconnus pour leur authenticité, que ce soit Johnny Cash à la prison Folsom, François Villon pour le niveau de langage utilisé dans "Lomer" ou plus près de nous en citant Daniel Boucher et Bruce Springsteen.
Jacques Julien n'en est pas à ses premiers regards sur la production chansonnière au sens large: il a publié, également aux éditions Triptyque: Robert Charlebois, l'enjeu d'Ordinaire (1987), La turlute amoureuse (1990), Parodie-chanson (1995), ainsi qu'un recueil de nouvelles, trois romans et plusieurs articles dans des ouvrages collectifs sur le thème de la chanson, sous la supervision de Robert Giroux, de 1984 à aujourd'hui. Malgré un ton un peu académique (l'ouvrage émanerait-il de quelque thèse défendue par l'auteur?), il est toujours intéressant, pour les passionnés, de regarder les choses d'un angle différent.