Richard
Desjardins

 Richard Desjardins

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Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Richard Desjardins 
Aussi connu sous --  
Naissance 1948   
Carrière professionnelle Depuis 1975   

Maintenant reconnu comme une figure majeure de la chanson québécoise, cette forme d'expression n'est toutefois qu'un des champs d'action de Richard Desjardins. Son parcours, dans le contexte rude d'une région dominée par les industries du bois et des mines, en a fait un individu particulièrement éveillé et la chanson comme le cinéma ou l'action citoyenne sont des moyens de communiquer et de partager ce qui le dérange dans le monde qui l'entoure. Et ce qu'il voit est loin d'être toujours réjouissant. « Change-moé ça! » clâmait-il dans la chanson "Y va toujours y avoir" sur "Boom Town Café", le premier album de son groupe Abbittibbi, en 1981. On peut comprendre que ses propos ne fassent pas l'unanimité. Par contre, sa façon directe et sans fard de traiter ces sujets trouve un écho enthousiaste auprès du public, qui y reconnaît la prise de parole de l'un des siens.

Que ce soit sur une mélodie qui tienne du classique ou du country, ses deux principales influences musicales, Desjardins peut à la fois amuser et émouvoir tout en menant son auditeur à une réflexion existentielle. Il en est ainsi depuis ses premières manifestations créatrices. Au moment même où le groupe présentait ses premiers spectacles, au milieu des années 70, l'auteur-compositeur et principal chanteur de la formation réalisait un premier long-métrage en compagnie de Robert Monderie, son fidèle compère de cinéma: Comme des chiens en pacage. Rappelant les débuts troubles de la colonisation de l'Abitibi, ce document attire aussi l'attention sur des faits bien contemporains comme le désoeuvrement, la mainmise des grandes compagnies et déjà la dégradation de l'environnement. En 1982, dans un autre film-document, le duo donne la parole à une gloire locale, un chanteur métis surnommé Mouche à feu.

Abbittibbi s'étant dispersé en 1982, Richard entreprend de se produire en solo, s'accompagnant à la guitare ou au piano, tout en gardant un oeil sur la caméra. Il compose alors les trames sonores de nouveaux films, documentaires ou de fiction: L'hiver bleu d'André Blanchard (1978), Depuis que le monde est monde (1981) et Le doux partage (1983) de Sylvie van Brabant, Noranda de Robert Monderie et Daniel Corvec (1984), La nuit avec Hortense de Jean Chabot (1988) et Le Party de Pierre Falardeau (1990) où il tient lui-même le rôle d'un prisonnier-rocker. Pendant ce temps, il a pu proposer un premier album de son cru "Les Derniers Humains" dont il assumait à la fois la production et la réalisation.

Le vent commence à tourner en sa faveur à la fin de la décennie 80. Le spectacle Le Trésor de la langue de René Lussier, auquel il participe activement, se mérite le prix Paul Gilson attribué par la Communauté des Radios publiques de langue française en 1989. En 1990 la musique et les chansons qu'il a composées pour "Le party" paraissent sur disque, chez Justin Time Records. Il est invité au Festival d'été de Québec dont il sera la révélation, s'y méritant le Prix de la Chanson d'expression française. La même année, après avoir convaincu quelques centaines de ses plus fidèles supporteurs de participer au financement d'un nouvel album, il autoproduit "Tu m'aimes-tu".

Cet instant marque le début d'une adulation inconditionnelle chez plusieurs professionnels de la chanson, tant au Québec qu'en Europe francophone, ainsi que d'une grande complicité de la part d'une partie grandissante du public. Chacun y trouve un peu de lui-même, que ce soit dans la poésie de "Tu m'aimes-tu", la narration épique de "Nataq", le réalisme de "... et j'ai couché dans mon char" ou son ironie souriante dans "Le bon gars". Des artistes aussi divers que Karen Young avec "Lucky, Lucky", "On m'a oublié" ou Francis Cabrel "Quand j'aime une fois j'aime pour toujours" se font les interprètes de ses textes. Si certains s'offusquent de la teneur de certains propos ou de la verdeur du langage, le public et les pairs de l'artiste cautionnent sa démarche. À l'automne 1991, l'Adisq lui remet trois Félix: à titre d'Auteur-compositeur de l'année, de Réalisateur de disque de l'année et pour le Microsillon populaire de l'année. Quelques semaines plus tard, il est le récipiendaire de la Médaille Jacques-Blanchet 1991. En 1992, s'ajoute le Prix Québec/Wallonie-Bruxelles du disque et de la chanson.

Profitant de cette reconnaissance, Richard Desjardins repropose les chansons de son premier album sous format DC et enregistre certaines représentations de son spectacle solo. Ces enregistrements, effectués dans une salle de gabarit intermédiaire de Montréal, font l'objet d'un album en public "Richard Desjardins au Club Soda" en 1993, à l'issue de sa tournée québécoise. Les nouvelles chansons telles "Les Fros" ou "Phénoménale Philomène" y côtoient plusieurs monologues, certains titres plus connus comme "Le coeur est un oiseau" et quelques souvenirs d'Abbittibbi comme "Le chant du bum" ou "Un beau grand slow". Son prochain projet consiste d'ailleurs en la reformation du groupe, un vieux rêve que lui et ses complices musicaux s'étaient promis de concrétiser un jour, si les circonstances le permettaient. C'est donc un vrai tour du Québec avec des moyens plus adéquats, qu'entreprennent les cinq musiciens après la parution d'un album de nouvelles chansons, intitulé "Chaude était la nuit", en 1994. La tournée s'étend sur trois ans et donne lieu à son tour à un album témoin "Desjardins - Abbittibbi Live". Leur passage au Festival d'été de Québec est marqué à son tour d'un Prix miroir de la chanson d'expression française en juillet 1995.

Revenant à son parcours en solitaire, Richard s'adonne à la composition de nouvelles pièces et prépare son nouveau spectacle. L'album "Boom Boom" qui paraît en 1998 donne lieu à une tournée qui se prolonge jusqu'au début de la décennie suivante et lui vaut le Félix du Scripteur de spectacle de l'année en 1999. Son passage est accueilli avec enthousiasme autant chez lui qu'aux aux FrancoFolies de LaRochelle. Pendant ce temps le film L'Erreur boréale, coréalisé en tandem avec son vieux complice Robert Monderie, bouleverse la société québécoise en mettant en lumière la situation critique des forêts du nord de la province. La diffusion de ce manifeste en images, à la télévision et surtout lors de projections suivies de discussions, provoque une vive réaction et amène le gouvernement québécois à se pencher, sinon à prendre position sur le sujet. L'Erreur boréale reçoit de nombreux prix dont le Prix Jutra du meilleur film documentaire en 1999.

Richard Desjardins s'installe à demeure en France à compter de 2000 pour un séjour d'un an à Toulouse au cours duquel il se produit occasionnellement dans de petites salles et s'adonne à la composition, sans oublier d'effectuer une pointe à Paris pour quelques passages à l'Européen. Au même moment, l'artiste contribue à mettre sur pied un organisme voué exclusivement à surveiller l'évolution du dossier de la forêt québécoise: l'Action boréale.

À son retour au Québec, il reprend le collier tant de son action dans le dossier forestier que sur le plan musical. Pendant qu'il prépare l'enregistrement de sa nouvelle cuvée de chansons, Richard se prête à l'expérience "ReDub Chroniques" où divers artistes soumettent une oeuvre au traitement des manipulations sonores. Son texte "Black Jack in extremis" y côtoie les versions dubbées de titres de Jim Corcoran, Marie-Jo Thério ou Daniel Boucher. Mais déjà l'homme est reparti sur les grands chemins, armé simplement de sa guitare et de son implacable lucidité.

Fin septembre 2003, l'album "Kanasuta", du nom d'une forêt de sa région natale qui a été épargnée suite aux démarches d'Action boréale, est disponible - ô ironie du sort - au moment même où se déroule à Québec le XIIe Congrès forestier mondial annuel. Cette fois, les mots et les mélodies de l'auteur-compositeur ont été arrangés et enrobés par Yves Desrosiers, réalisateur des récents efforts de Fredric Gary Comeau et de Jeszcze Raz. Les titres "Kanasuta", "Le saumon", "Nous aurons" et les plus irrévérencieuses "Buck" et "Eh oui, c'est ça la vie" y reflètent son amour inconditionnel du territoire tandis que "Notre-Dame des scories" ou "Jenny" nous ramènent au drame humain dont l'artiste se fait témoin depuis toujours.

Déjà, les oreilles s'ouvrent en vue son prochain périple autour du Québec en 2004. La tournée Kanasuta s'étend sur un an et demi et est ponctuée de l'expérience Desjardins symphonique, présentée d'abord à Montréal lors de l'événement Coup de coeur francophone 2004, puis au Festival d'été de Québec l'année suivante et un peu plus tard en Europe. Les chansons de Desjardins y sont orchestrées par Gilles Bellemare, chef de L'Orchestre symphonique de Trois-Rivières.

Se replongeant dans un nouveau projet cinématographique Le peuple invisible qui traite du présent et de l'avenir du peuple algonquin, Richard s'éloigne temporairement de la scène pour la majeure partie de l'année 2007. Il trouve néanmoins un peu de temps pour collaborer à l'album du groupe Forestare et reprendre "Le Labrador" avec son auteur sur les "Duos Dubois".

Tout en reprenant la dernière phase de la tournée Kanasuta, au printemps 2008, il participe tour à tour aux nouveaux albums de Renée Martel (chanson "À un coeur de cristal"), Marjo (avec qui il chante "Chats sauvages"), Gilles Vigneault ("Pendant que" sur les "Retrouvailles") et, à titre d'auteur, Élisapie Isaac ("Moi, Elsie").

La parution sur disque de "Desjardins symphonique", fin 2009, lui laisse enfin un peu de répit pour réunir ses plus récentes compositions et préparer l'enregistrement de sa cinquième production studio: "L'existoire". L'album résume les principales préoccupations de l'auteur-compositeur-interprète, que ce soit par le biais de l'humour vert ou noir comme "Développement durable" ou "Deux pétards", de façon plus épique "Atlantique Nord" ou simplement en musique, trois titres étant des pièces instrumentales.

On peut visiter le site officiel de Richard Desjardins.