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Les Fauves: dans le ton depuis 40 ans

2 octobre 2005 (QIM) – On pourrait attribuer au groupe Les Fauves, formé à Saint-Étienne-de-Lauzon en 1966, l'expression consacrée « presque 40 ans de musique », utilisée par Gerry Boulet le plus persistant des anciens Gants Blancs, devenus Offenbach. Une différence notable toutefois: dans le cas des Fauves, le chiffre s'applique au parcours du groupe et non pas à celui d'un individu. Il s'est donc écoulé 39 ans entre les premières répétitions du groupe à l'automne 1966 et leur dernière prestation, à bord du M/V Louis Jolliet, le 4 septembre 2005. L'épopée des Fauves, rarissimes survivants de l'époque yé-yé demeurés fidèles au son et au répertoire des salles de danse des années 60, est d'ailleurs racontée avec moult détails et illustrations dans le livre à tirage limité (et numéroté) Les Fauves - Un groupe parmi les autres paru en 2002 et signé Pauline Robitaille.

Ayant eu l'occasion de les côtoyer à plusieurs reprises, notamment lors de rassemblements d'ex-membres de groupes québécois des années 60 initiés par l'entourage du groupe, entre 1997 et 2001, notre collègue Richard Baillargeon était de la partie lors du spectacle d'adieu des Fauves, sur les eaux du St-Laurent, en ce soir de septembre. De plus, la randonnée venait clore la saison des croisières de nuit du Capitaine Reji, qui agissait également à titre de M.C. pour la saison 2005.

Dès l'embarquement, au Quai Chouinard, l'ambiance est à la fête: solidaires de leurs contemporains comme c'est leur habitude, les musiciens ont lancé l'invitation à plusieurs figures marquantes de l'époque légendaire qui les identifie. On peut reconnaître parmi ces marins d'un soir des gens de groupes comme les Bel Canto, le 25e Régiment, les Million-Airs, les Cavendish, les Maraudeurs... sans oublier les Odds dont le guitariste Daniel Auger est devenu membre des Fauves depuis quelques années.

Sitôt les amarres relâchées et les consignes d'usages diffusées, la croisière musicale s'anime avec la prestation de Claude Atkins et ses Nouveaux Million-Airs. Le chanteur qui n'a cessé de se produire publiquement depuis près d'un demi-siècle (il avait débuté adolescent au sein des Two Kids, avant de rejoindre les Paradise Boys - futurs Million-Airs - en 1960) allie les succès de son groupe tels "Un soir de pluie", "Le petit restaurant du coin" ou "J'étais son copain" à quelques classiques du temps, notamment ceux du groupe Dave Clark 5. La pièce de résistance demeure toutefois son interprétation de "Ma vie" d'Alain Barrière: une véritable performance vocale.

Après une brève pause, le temps pour les passagers de profiter du paysage au moment où le Louis Jolliet franchit les deux ponts et s'approche de la pointe de Cap-Rouge avant de faire demi-tour, les musiciens revêtus de leur habit de Fauves (pantalon noir et veston orangé garni de motif léopard) entament leur ultime prestation. Les pièces les plus impressionnantes de leur répertoire y sont leurs interprétations polyphoniques telles "Turn! Turn! Turn!", "Silence Is Golden", "Découragé", "G.T.O." ou "Rag Doll" qui s'ajoutent aux succès dansants que sont "Fume, fume, fume", "Gloria", "Hang On Sloopy", "California Sun", etc. Plusieurs invités viennent aussi pousser la note en leur compagnie: René des Bel Canto interprétant "Seul", Karol du 25e Régiment "C'est bon signe", Jean des Cavendish prenant les baguettes afin de permettre au batteur Réjean Rochette de livrer un "Avant de me dire adieu" digne des Classels. Il serait impardonnable, bien sûr, de passer sous silence le fameux "Unchained Melody" par Daniel Vallières, un des titres fétiches du groupe au fil des ans.

On apprenait lors de cette soirée que René d'Antoine, le René des Bel Canto, préparait une surprise musicale à saveur socio-politique pour l'automne, nourrie à l'odeur de l'actualité et des regrettables manipulations dans le domaine des commandites... de quoi être vraiment "Découragé" ou plutôt susciter quelque réaction!

Le livre retraçant l'histoire des Fauves est disponible aux Productions Rétro-60, au numéro (418) 832-7941.