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Natashquan: pays raconté, pays chanté

Un voyage sédentaire de Richard Baillargeon

3 Février 2007 (QIM) – Le village de Natashquan, qu'on imagine à portée de coeur pour l'avoir exploré en chansons depuis presque un demi-siècle, est pourtant situé à plus de mille kilomètres de Québec, à environ 1 400 de Montréal. Pour qui a déjà fait le trajet, il y a tout de même une différence entre le pays rêvé et le pays de terre, de rock et de mer. Nonobstant la fatigue, les longues heures de route et les provisions à apporter, la découverte de ce pays dans l'pays a de quoi changer notre perspective. Pierre Harel disait, dans son livre-itinéraire Rock ma vie, qu'à partir d'une certaine latitude, il avait découvert « un autre Québec ». C'est ce Québec, du moins un aspect de sa chaleur nordique, qui est célébré en juillet à l'occasion du Festival du conte et de la légende de l'Innucadie.

Histoire de nous donner un avant-goût de l'événement et d'inviter les gens du sud à se rendre découvrir sur place la beauté de la nature, la ténacité de ses habitants et le besoin de protéger ce patrimoine nourricier (les ressources de la mer ne sont pas infinies), la Copacte de Natashquan présentait, le vendredi 27 janvier dernier, le happening nord-côtier Le pays raconté, au Théâtre Capitole de Québec. Les Florent Vollant, Chloé Sainte-Marie, Claire Pelletier, Philippe McKenzie, Éric Landry, Paule-Andrée Cassidy, Kathia Rock, Alexis Roy, Alain Landry, Jocelyn Bérubé, de même que le plus célèbre ambassadeur du village, Gilles Vigneault, ont donné à entendre, pendant plus de trois heures, les multiples facettes de la culture des Innucadiens, cette communauté née du contact des Innus et des Acadiens venus il y a plus de 150 ans des Îles-de-la-Madeleine. En complément de programme, la troupe des Jarrets Noirs, dont certains membres affichent une filiation avec des ancêtres venus de Natashquan, a coloré l'entracte en plus de relancer le party après le coup de minuit, faisant ainsi la nique aux anciens interdits dont nous avaient entretenus les conteurs de la soirée.

Sans tout vous raconter - après tout, l'idée n'est-elle pas d'inviter les gens à se rendre là-bas dès que l'occasion s'en présente, et pourquoi pas du 11 au 15 juillet 2007, dates du prochain Festival de l'Innucadie? - disons tout de même que le citadin qui prêtre l'oreille y aura reconnu des éléments de notre mémoire commune. Mais on aurait tort de se limiter à l'aspect folklorique, aussi vibrant soit-il. Outre les allusions aux légendes anciennes ou plus récentes, depuis le cas de Rose Latulippe jusqu'aux drames derrière les refrains de "Jack Monoloy" ou de "La Manikoutai", la soirée a permis d'attirer notre attention sur l'inconfort de la condition métisse (brillante récitation de "Mahiganou" de Roméo Saganash par Chloé Sainte-Marie) ou les pêcheries en péril (Éric Landry et "La pêche aux padoux") en plus de faire place à des artistes nord-côtiers que l'on connaît peu dans les grandes villes, tels Kathia Rock, Alain Landry et Philippe McKenzie. Il faut aller à Natashquan pour le grand air, les paysages mais avant tout pour mieux en connaître les gens. Nos frères du Nord.