Un commentaire de Richard Baillargeon et Roger T.Drolet
5 août 2008 (QIM) – La musique est souvent un des plaisirs qui accompagnent les voyages, quelle que soit la destination. Que dire des voyages dans le temps? Depuis l'avènement du DC, les plongées temporelles se sont multipliées. Ce sont d'abord les figures marquantes que l'on a retrouvé sous le nouveau format, et certains de ces enregistrements sont maintenant disponibles de façon immatérielle et voltigent au gré des vents. Mais rien ne vaut un bon vieux CD comme on disait jadis un bon vieux disque vinyle. Et le DC a cet avantage de pouvoir nous accompagner sur la route, grâce au lecteur du tableau de bord ou baladeur MP3.
L'un des domaines où l'on attendait la parution de produits de niche est celui des groupes québécois des années 60. Déjà depuis le tournant de la décennie 2000 les principales formations du temps disposent de compilations à leurs noms respectifs. La maison des Disques Mérite a ravivé les répertoires des Classels, Sultans, Romains, Hou-Lops et aussi ceux des Sinners, Lutins, Misérables, Jaguars et autres Mégatones dont les publications de la SARMA ont naguère retracé les parcours et qui constituent l'essentiel de l'héritage sonore de la décennie mythique dans la pop québécoise.
Cependant, au Québec comme partout ailleurs, de l'Angleterre à l'Argentine en passant par l'Australie, le Texas, la Californie et les pays nouvellement reconnus de l'Afrique ou des Antilles, le plus grand nombre des combos adolescents à émerger et qu'on a nommé beat, 60's garage, Juju, Swamp pop ou plus localement mouvement yé-yé, la plupart dérivés de la british invasion, n'a connu que de brefs instants de gloire. Mais chez nous, ils sont plus de cinq cents à avoir gravé un ou deux 45 tours, parfois de leur composition, souvent des adaptations libres de succès étrangers ou de mélodies obscures.
Depuis peu, une portion congrue de ces Introuvables voit enfin sa trace s'inscrire dans la mémoire du nouveau siècle sous forme de vingt albums ravivant chacun « 24 chansons rares des groupes des années 60 ». On peut y découvrir, ou réentendre après des décennies de silence, des quatuors, quintettes, trios et autres orchestres de toutes les régions québécoises dont les noms peuvent sembler exotiques aux oreilles de 2008: les Matelots, Doyens, Mystics, Dabsters, Dalcos, Shadols, Gants Blancs, Gants Noirs, Quidams, Z, Loups, Rats, Gorilles, Mustangs, Monarques, Ook-Piks et autres Lunours. C'est un pur délice que de prendre les grands chemins à l'écoute de ces simples cailloux roulants, égarés jadis le long des sentiers radiophoniques.
Belle surprise dès l'ouverture du "Les Introuvables - Volume 1" où l'on retrouve les Classels avec "Le temps de l’amour", version de "No Time" des Guess Who pas piquée des vers, une perle des Bel Canto intitulée "Maria, My Love", en français malgré le titre, et "Il faut" le principal succès du groupe de Québec, les Sextans. À recommander également, l'écoute de "Les Introuvables - Volume 19" où l'on découvre les inédites "Ève" des Mersey's et "Raspberry Jam" des Sinners (en fait la version en langue anglaise des "Grèves d'aujourd'hui"), "Les Introuvables - Volume 7" pour la version chantée de "Melle Yéyé" des Jaguars, et "Les Introuvables - Volume 6" où l'on s'alignent les succès régionaux "Sans chemise et sans pantalon" par les Matelots, "Je ne peux plus rien sans toi" des Faucons, "La grande rentrée" des Bop's et le "Shish kebab yé-yé" à la façon d'Ali Baba et ses 4 Voleurs. Mais, soyons sérieux: en toute subjectivité, les incontournables apparaissent sur "Les Introuvables - Volume 3" pour le trésor méconnu qu'est la composition des Hou-Lops "J'étudie mon grec" interprétée par le Dj de CJMS Normand Fréchette!
En tout, 480 pièces à redécouvrir: de quoi passer un été à go go!